L’été
Théo Robine-Langlois, août 2021

Texte écrit à l’occasion de l’exposition de Johanna Cartier

Je suis posé sur le bitume,
devant un champ,
le soleil frappe fort sur la carrosserie de mon âme.
Je fume et je fume et je pense parce que je stresse un peu.

Je pense à l’été qui s’annonce
je dois charbonner
J’ai pris un job,
je dois servir des bières dans un PMU,
ça sent la cacahuète.

J’aime bien quand même,
quand je m’ennuie trop je regarde les courses et
j’imagine que je m’envole jockey sur pur-sang.
Sinon je sors mon smartphone et je regarde Instagram,
en ce moment je suis le compte de @tndrjoj.
je regarde un post de l’hiver dernier c’est une vidéo,
ça me fait du bien, des glaçons dans mon cerveau.
Sur la vidéo on peut voir une collection de paire de de baskets nike modèle tn.
disposé en coeur sur la glace, je contemple toutes les couleurs,
J’harnache mes désirs sur des objets accessibles.

De temps en temps je parie une partie de mon salaire sur une course,
on sait jamais si je peux arrêter de taffer.
Mais là c’est chaud, j’attends ma Jeanne d’arc,
survet adidas tn nike motocrossée.
J’ai les poils qui s’hérissent sur mon avant-bras.
Elle arrive, pas tout à fait comme je l’imaginais,
elle a pas mis le survet que je préfère, tant pis.
J’ai quand même des papillons tatoués dans le ventre.

On parle à peine, je me blottis derrière elle, elle accélère dans les virages et je me sens
bien. On va là ou on peut, on le fait comme on le peut maladroit comme pas deux. Le désir le
désir le désir. Dans mon nez l’odeur du foin mélangé à celle de l’essence remplace celle de la
cacahuète. Je me sens tour à tour moto et cavalier, cheval et motarde.
Quand on a fini je pense aux chevaux qui ne s’arrêtent pas de courir,
j’ai envie de les arrêter en tirant leur crinière,
de leur chuchoter à l’intérieur de leurs grandes oreilles,
ça va plus besoin de te muscler on peut faire des courses de cross à la place,
pour le turfu’ on verra, mais là je connais la pilote de mon cœur.

Vroum, vroum.

Théo Robine-Langlois, été 2021.