Elen Hallégouët



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« Et te solituderai » 2020 CIAP Guimilau

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Dernière fournée de météorites avec Jean-Christophe et Nicolas

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Nettoyage au vinaigre

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Préparation des panneaux de cuivre en atelier


Mon père me montrant comment travailler le cuivre


Samedi 17 octobre. Ouverture <3

À partir d’éléments de figures que l’on retrouve parfois dans les contes et les mythes oraux, je tente de créer une nouvelle cosmogonie, comme un syncrétisme de ces récits, à travers ceux de ma propre histoire (une sorte de traduction, avec sa zone grise). C’est en utilisant plusieurs matériaux et représentations que je  souhaite créer un parcours sensoriel qui amènera celui qui le traverse à appréhender les espaces comme un chemin initiatique, à l’image des histoires orales et de leur lien singulier avec le lieu qui les a fait naître. L’installation sera un lieu qui accueillera l’idée d’une mythologie personnelle et collective, mieux visible par le détail et l’intérieur que par son ensemble. Les matériaux donnés à voir auront un lien avec une certaine représentation/interprétation de l’eau, comme si le matériaux venait figer un état, prendre une photo d’un instant à jamais perdu : celui du cour qui file dans le creux de la rivière, celui du vase qui se vide et se rempli en plein rituel.


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Semaine du 12 au 18 octobre


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Semaine du 5 au 11 octobre.
Visite des ateliers de Actuaplast à La Forêt-Fouesnant et thermoformage.
Création des météorite avec l’aide de Nicolas Rabant et Jean-Christophe Primel.


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6 octobre 2020


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Semaine du 28 septembre au 4 octobre


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Semaine du 21 au 27 septembre


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Semaine du 14 au 20 septembre


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Semaine du 7 au 13 septembre


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Semaine du 31 août au 6 septembre



2 septembre


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Semaine du 24 au 30 août


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Semaine du 24 au 31 août


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Semaine du 17 au 23 août

Travail des derniers Plexiglas en atelier et préparation de la voiture de titi et tôt pour aller faire des moulages.


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Semaine du 10 au 16 août

Travail en atelier avec l’aide de Mathieu Patao, travail des grillages et du Plexiglas déformé.

« Devant l’eau profonde, tu choisis ta vision tu peux voir à ton gré le fond immobile ou le courant, la rive ou l’infini tu as le droit ambigu de voir et de ne pas voir tu as le droit de vivre avec le batelier ou de vivre avec une race nouvelle de fées laborieuses, douées d’un goût parfait, magnifiques et minutieuses . La fée des eaux, gardienne du mirage, tient tous les oiseaux du ciel dans sa main. Une flaque contient un univers. Un instant de rêve contient une âme entière. »

L’eau et les rêves essai sur l’imagination de la matière (1942), Gaston Bachelard


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Semaine du 3 au 9 août

Semaine du 3 au 9 août. Tests d’une chaudronnerie et son résultat (raté!) chez mes parents ainsi que les boutures pour le CIAP. Et test en résine d’un moulage en atelier (raté également…)


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Réparation et premier tirage en plâtres à l’atelier la semaine du 27 au 31 juillet.


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Prise d’empreintes avec Pierre le Saint (régisseur à Passerelle Centre d’art contemporain) et Jihee Hong (stagiaire), sur les églises de Bodilis et Loctudy et alentours du cimetière de Loctudy, la semaine du 6 au 10 juillet 2020.

L’église de Loctudy possède l’une des plus ancienne représentation de la Sheela Na Gig bretonne, sculpture figurative féminine présentant une exagération du sexe, celle-ci est parfois représenté avec un homme. On les retrouve principalement en Irlande.
Quand nous sommes venue la voir, ne nous l’avons pas tout de suite trouvée, un guide est venu nous aider et nous l’a montrée, soigneusement cachée derrière des bancs.

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Prise d’empreintes avec Pierre le Saint et Jean-Christophe Primel sur les église de Sizun et Guimiliau la semaine du 20 au 24 juillet 2020.

« Quand Catherine allait à la grand-messe,
Catherine regardait du côté des gars.
Quand Catherine allait au vêpres,
Catherine se rendait dans les auberges. »

Katell Kollet serait née à La Roche-Maurice près de Landerneau. « Ceci se passait avant qu’Arthur de Bretagne eût été meurtri par Jean sans cœur et sans terre » écrit Ernest Laurens de la Barre qui a transcrit ce récit dans Fantômes bretons en 18791, qui poursuit : « Elle aimait le plaisir et les fêtes à la folie ; la danse était sa vie ». Le sire de La Roche (La Roche-Maurice) la fit enfermer dans une tour de son château en raison de son manque de sagesse, « lui disant qu’elle y resterait jusqu’au jour où elle aurait donné le titre d’époux à l’un de ses nombreux prétendants ».
Mais elle s’échappe, avec la complicité de son serviteur, Salaün, et s’enfuit au Pardon de La Martyre. Elle dansa avec lui une gavotte endiablée toute la nuit. « Le lendemain, à l’aube du jour, on eût pu voir étendus côte à côte, sur l’herbe foulée du carrefour, deux corps inanimés ; tous deux jeunes et beaux portaient sur le visage la pâleur de la mort. Un nain noir et hideux les contemplait en ricanant. C’étaient nos deux fiancés : Salaün et Katell …
Katell désormais appelée Kollet dans les souvenirs populaires ; Kollet, c’est-à-dire perdue ou damnée, à cause de son amour immodéré du plaisir et de la danse ! »
Source : Wikipédia


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Photos de l’appartement de Passerelle Centre d’art contemporain, le 19 mars 2020.

L’annonce du confinement est tombée comme une enclume, tout comme l’arrêt de la résidence. 72h plus tôt nous étions bien insouciants.

Ne sachant où aller pour différentes raisons, accusant le coup, je suis restée dans cet appartement qui m’était prêté.

Ici ce n’était pas une résidence comme les autres, pas un exil comme les autres, car ici j’avais la chance d’avoir amis et famille, plutôt un retour à la maison. Mais aujourd’hui ils sont loin.

L’adaptation aux silences fut difficile, ce lieu d’accueil devint très vite emprunt d’aseptisation par ces murs blancs et sa décoration immaculée. Les affiches de précédentes expositions aux murs des toilettes me rappellent les différents passages d’artistes, laissant revus, écouteurs et vêtements oubliés. L’espace relativement grand rapetissant de minute en heure, il devient suspect. Tout me rappelait que ce n’était pas chez moi. Que je n’avais pas de chez moi. C’était une chambre non choisie qui m’était proposée. La détresse sociale due au confinement me paraît bien vicieuse. C’est également une réalité aux contours dilatants de précarité qui m’était révélée. Ainsi, les jeunes artistes passent de ville en ville, de résidence en résidence, tel des forains pour assurer le lien social. Aujourd’hui la résidence est quasiment la seule voie possible pour un jeune diplômé; offrant la protection et les conditions nécessaires pour créer à l’abri des vicissitudes de la lutte pour survivre. Après l’euphorie, le réel.

Elen Hallegouët, mars 2020


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Photos de l’atelier à mon arrivée le 10 mars 2020


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2 mars 2020
Visite des enclos paroissiaux du Pays de Landivisiau accompagnée de Morgane Le Baquer (chargée des projets patrimoine et de la médiation culturelle au CIAP « Les enclos » de Guimiliau), Loic Le Gall (Directeur de Passerelle Centre d’art contemporain) et Jean Christophe Primel (régisseur de Passerelle Centre d’art contemporain).


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Images de recherche du 15 février à partir du livre de Bernard Rio, Le cul bénit : amour sacré et passions profanes

Le passage du paganisme au christianisme n’a pas donné lieu à une destruction systématique du premier par le second. Pour assurer la conversion des populations, les anciennes habitudes (incarnées par des lieux, des rites, des symboles etc) ne pouvaient pas être simplement balayées. Celles-ci furent alors coulées dans les nouvelles réalités chrétiennes. Cette stratégie de récupération-transformation engendra une culture populaire chrétienne syncrétique et incroyablement spécifique à chaque territoire.
Dans le cadres des Chantiers Résidences Passerelle je souhaiterais rendre compte de ce symptôme, de cette dualité du profane au sein même du sacré. Dans cette optique je souhaiterais réaliser des moules de bas-reliefs présents dans différentes églises de Bretagne. Mon regard portera sur certaines sculptures précises, souvent imperceptibles, sur des représentations singulières noyées dans un cosmos chrétien.
J’aimerais couler ces moules en verre et inscrire ces représentation dans une nouvelle réalité.
Le verre qui représente une certaine matérialité de l’eau, élément central de survivances folkloriques ancestrales, est également le fil conducteur du la future exposition au centre d’art.
Dans cette exposition, ce seront des images nouvelles qui tenteront de se greffer sur des images anciennes pour ainsi créer une nouvelle mythologie.

« Un vieux fond de croyances traditionnelles survécut en s’incorporant au christianisme et en le déformant, en le folklorisant » Jacques Le Goff

Je te cavernerai
Du 16 octobre 2020 au 16 janvier 2021 à Passerelle, Centre d’art contemporain, Brest

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Vues de l’exposition Je te cavernerai à Passerelle Centre d’art contemporain, Brest.

Matériaux :
Grillages : Verre borosilicate
Fenêtres en plexiglas déformé : PMMA, fer
Figures Païennes : PMMA
Météorites : Cuivre, verre securit
Sérigraphies : Tissus catadioptre, encre

Photo © Aurélien Mole.

Fausse nature

Je te cavernerai. (1) Avec ce titre en forme de promesse adressée au visiteur de son exposition, Elen Hallégouët lui en fait — déjà — voir du pays(age). D’emblée s’insinue une poétique de la caverne dont la résonance (faussement) naturaliste et romantique va ici de pair avec une recherche plastique autour de la perception trouble du réel — et son double — pris entre deux eaux. En même temps que passé et futur (2) sont convoqués l’ombre et la lumière, les états solide et liquide, les règnes aquatique, minéral et végétal, dans une vague oscillation entre matériel et immatériel, réalité et faux-semblant, visible et invisible.

Tout commence par une sensation de blancheur lumineuse et aérienne. La première salle de l’espace investi (3) par Elen Hallégouët, est peuplée de sculptures transparentes qui n’apparaissent que dans un deuxième temps tant la vision est déroutée par la présence, à la fois réelle et intangible, de reflets et d’ombres projetées (4). Effleurant le sol, trois grillages de verre en suspension, tels des seuils (5) aussi palpables que fragiles, sectionnent et rythment l’espace comme notre propre circulation tandis que flottent plusieurs plaques dont l’aspect ondulatoire évoque en l’imitant la surface de l’eau (6). Si l’on ne peut s’y mirer, elles apparaissent comme autant de filtres déformants (7). Selon certains points de vue, ces différents éléments viennent se superposer (en profondeur) et brouiller les pistes de lecture, formant comme autant de strates d’espace-temps entre lesquelles on est invité à se déplacer, se laisser porter, divaguer — en prenant soin de ne pas trébucher sur un tas de météorites (8).
Au-delà d’un temps (pré)historique, l’artiste nous plonge dans une archéologie et une cosmologie d’un présent aux contours flottants, composite et métastable. Une plongée en eau trouble qui nous amène aléatoirement vers une série de sculptures (6) aux accents rupestres. Disséminées sur les murs, ces figures fantastiques (dragons, sirènes, etc.) et autres représentations sexuelles (9) ont été réalisées à partir de moulages de sculptures et d’éléments architecturaux d’églises et d’enclos paroissiaux du Finistère datant de la Contre-Réforme (XVI-XVIIe s.) et constituant des vestiges du paganisme (10). Absorbés par l’Église catholique puis effacés, oubliés ou dissimulés, ils témoignent d’un certain syncrétisme cultu(r)el et d’une possible survivance des croyances et des rites — du moins de leur mémoire — à travers les époques. En les reproduisant (manuellement) au moyen de l’empreinte et du moulage tout en les transformant (le verre remplace la pierre), Elen Hallégouët leur donne ici un second souffle. Les voici remis en lumière et en circulation, incorporés et actualisés au sein d’un nouveau récit visuel, sensoriel et mouvant (11), tel un parcours initiatique chargé d’aura — fantas(ma)tique.

États d’âme et de matière(s) se coagulent et révèlent ici la nature hybride de toute chose, de tout être, de tout temps, et avec, leur puissance (disons magique) de transformation (12).

Je te cavernerai et te grotterai, et te cascaderai, et te boiserai et te grand-rocherai et te terriblerai, et te solituderai. (13) Ces mots de John Keats, le visiteur peut les lire dans l’installation qu’Elen Hallégouët présente dans la seconde salle (obscure) de son exposition. Éclairés par la seule lumière émanant de la première salle, des panneaux de tissu réfléchissant (14) de différentes tailles sont suspendus à des hauteurs et profondeurs variables. Outre la poésie de Keats qui apparaît au centre, l’artiste y a sérigraphié différentes espèces de plantes trouvées dans le jardin du Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP) situé sur le site de Guimilau dans le Finistère (15). Rappelant les motifs bucoliques de la fameuse Toile de Jouy (16), la composition poétique et végétale plante le décor — un brin kitsch (17) : l’artifice vient à nouveau pallier la perte irrémédiable d’aura qu’a engendrée la reproductibilité technique en tant qu’agent essentiel de la société des temps (post-)modernes — industrielle, capitaliste, spectaculaire, marchande (18).

Tout en usant — manifestement — de faux-semblants et d’artifices, Elen Hallégouët met en scène une rêverie ambulante dans laquelle objets, figures et motifs, dans une réinterprétation poétique et critique, auraient recouvré une forme de magie. Trompé, l’œil lèche les surfaces transparentes et miroitantes, saisi par leur pouvoir hypnotique évoquant celui de l’eau. La perception vacille, la pensée se meut et le corps, dans le clair-obscur, déambule dans un espace caverneux gonflé de sens.

Anne-Lou Vicente, décembre 2020

(1) Il s’agit du début d’une gradation poétique que le poète anglais John Keats intègre à une lettre qu’il adresse le 14 mars 1818 à John Hamilton Reynolds. http://keats-poems.com/to-john-hamilton-reynolds-teignmouth-march-14-1818/ L’intégralité de ce petit poème apparaît dans l’installation que l’artiste présente dans la seconde salle (voir plus loin dans le texte). En y « verbalisant » ainsi la nature, John Keats évoque la tendance de l’homme, en pleine révolution industrielle, à vouloir la manipuler et l’artificialiser, notamment en la reproduisant.
(2) Le néologisme verbal « Je te cavernerai » a le don de combiner le futur simple et le « temps des cavernes ».
(3) L’absence de lumière naturelle dans cette partie du centre d’art a mené l’artiste sur la piste de la grotte (aquatique). La lumière artificielle inonde la première salle.
(4) Voir Clément Rosset, Impressions fugitives. L’ombre, le reflet, l’écho, Paris, Minuit, 2004. « L’ombre, le reflet et l’écho sont les attributs obligés de tout objet réel, quelle qu’en soit la nature ; s’ils viennent à manquer, ils déboutent par leur absence n’importe quel objet d’une prétention à la réalité. » « Le double de proximité est paradoxalement à la fois existant et immatériel, car non tangible au premier sens du terme. »
(5) On pourrait considérer qu’ils incarnent ici différents seuils de perception.
(6) Contrairement aux apparences, il ne s’agit pas de verre mais d’une sorte de Plexiglas transparent appelé polyméthacrylate de méthyle (PMMA). https://fr.wikipedia.org/wiki/Polym%C3%A9thacrylate_de_m%C3%A9thyle
(7) Le matériau, lui-même déformé, produit des visions monstrueuses.
(8) La présence de ces agrégats de verre et de cuivre tels des excrétions du mur pourrait évoquer, du fait de la sensation de flottement et de temps multiples, un hyper-espace ou un trou de ver.
(9) Sur ce point, l’artiste s’est notamment laissée guider par l’ouvrage de Bernard Rio, Le cul bénit : amour sacré et passions profanes, Michel Mafessoli, 2013.
(10) Le culte païen est encore assez ancré en territoire breton.
(11) Si, du fait de la nature artificielle de la lumière, les impressions sont ici fixes et non « fugitives », le mouvement du corps anime l’installation.
(12) Le processus de fabrication du verre ici omniprésent induit déjà la notion de transformation.
(13) Traduit de l’anglais « I’ll cavern you, and grotto you, and waterfall you, and wood you, and water you, and immense-rock you, and tremendous-sound you, and solitude you. »
(14) Si l’écran est souvent présent dans le travail de l’artiste, notamment pour la présentation de ses vidéos et films expérimentaux, il est ici un leurre.
(15) L’artiste y présente une exposition qui « communique » avec celle de Passerelle. On y retrouve certaines des sculptures de figures païennes en verre ainsi que des boutures de plantes extraites du jardin, arrimées à des structures tubulaires en cuivre évoquant les notions de flux et de circulation.
(16) Créée dans les ateliers de la manufacture fondée en 1760 par Christophe-Philippe Oberkampf dans la commune de Jouy-en-Josas, la Toile de Jouy est un must de l’art décoratif mais il serait peut-être plus opportun ici d’évoquer notamment les papiers peints aux motifs végétaux et floraux, dans la seconde moitié du XIXe siècle en Angleterre, de William Morris et du mouvement Arts and Craft.
(17) Le kitsch est ici délibérément convoqué par l’artiste en ce que son émergence est peu ou prou concomitante aux propos de Keats et au contexte d’industrialisation et de (re)production en série d’objets culturels dans lesquels ils s’inscrivent.
(18) Voir Walter Benjamin, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique (1936), Paris, Allia, 2018. « Ce qui s’étiole de l’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, c’est son aura », p. 22. « Il est d’une importance décisive que ce mode d’existence auratique de l’œuvre d’art ne soit jamais totalement détaché de sa fonction rituelle (i) » « i. La définition de l’aura comme ‘apparition unique d’un lointain, aussi proche soit-il’, ne propose rien d’autre que formuler la valeur cultuelle de l’œuvre d’art dans les catégories de la perception spatiotemporelle », p. 27.

Portrait vidéo d’Elen Hallegouët réalisé pendant la résidence des Chantiers durant l’été 2020.


Née en 1991 , vit et travaille à Brest

En résidence de mars à mai 2020 (résidence prolongée suite au confinement)

Mon travail explore la vision de soi, du monde qui nous entoure et questionne la pluralité des perceptions sensorielles.
J’aime détourner une réalité, je m’amuse à tromper les matières, le factice, le faux, ce qui se joue de l’œil. Je nargue des conditions décevantes à mes yeux, et au contraire, j’aime sublimer des presque riens qui peuvent être tout.  Au sein de mes pièces se reflètent ces détournements, comme des écrans donnant à voir un nouveau partage du sensible.
Chaque pièce propose un nouveau découpage des espaces, et le corps qui occupe ces espaces transforme le champ du visible et de l’invisible. Les contraires pour moi font sens, comme si le juste milieu naviguait entre deux eaux.
À partir d’un objet représentant une forte symbolique à mes yeux, je questionne sa fonction en cherchant une certaine déconstruction par la reconstruction. Une archéologie de l’objet en émane. Je m’inspire beaucoup de contes et de légendes, de récits oraux et de proverbes.