Edouard Le Boulc’h


Vues d’atelier, 21 décembre 2017, tournage en cours…

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Vues d’atelier, 7 décembre 2017


Vues d’atelier, novembre 2017

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Peripheral Feed
Du 3 février au 28 avril, 2018

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Vues de l’exposition « Peripheral Feed »
Photo : Aurélien Mole © Passerelle Centre d’art contemporain, Brest.

Teaser du film Affect TV présenté dans l’exposition « Peripheral Feed » du 3 février au 28 avril 2018 à Passerelle, Centre d’Art contemporain, Brest.
Réalisation et Scénario : Edouard Le Boulc’h et Antonin Gerson
Bande Originale : Gwenael Bodet
En collaboration avec : Dr Foxsyth ; Pauline Gompertz ; Etienne Bernard


Le futur n’est pas seulement ce qui n’est pas encore advenu : c’est aussi un ensemble d’anticipations et de projections qui, en provenance du passé, ne cesse de revenir et d’habiter notre présent. Ainsi en va-t-il avec Edouard Le Boulc’h, télescopant des formes archaïques et modernes, artisanales et high-tech dans une sorte de design-fiction faussement prospectif.
Un travail qu’il poursuit avec « Peripheral Feed », une exposition personnelle dont le point de départ est le « Soylent », une boisson permettant de subvenir aux besoins nutritionnels de l’organisme humain. Pour son inventeur, l’ingénieur Rob Rhinehart, l’enjeu est triple : ne plus perdre de temps dans la préparation des repas, assurer l’avenir de la planète en s’affranchissant de l’agriculture intensive, permettre aux populations les plus pauvres de se nourrir à peu de frais. Paradoxalement, bien que porté par des ambitions utopistes, ce substitut alimentaire emprunte son nom aux tablettes dont se nourrissent les personnages du film post-apocalyptique Soleil vert (1973), fabriquées à partir de cadavres humains… La boisson miracle se charge ainsi d’une dimension dystopique que semble pourtant balayer Rhinehart, dissimulant son recours aux OGM et inconscient de sa vision ultra-libérale du monde, venant détruire le caractère social des repas. Ambivalent sur le plan éthique, le « Soylent » manifeste néanmoins « la capacité du présent à porter une image de lui-même comme futur ; mais aussi simultanément, comme passé ». Une ambiguïté et une coexistence des temps que l’on retrouve dans l’exposition d’Edouard Le Boulc’h.
On la découvre en passant par une première salle où se trouve une sorte de globe terrestre à la surface pailletée et cabossée, juchée sur une structure composée de métal et de résine noire, telle une relique ou un totem issu d’un espace-temps inconnu. Plongé dans l’obscurité, ce « sas d’entrée » donne accès à une seconde salle elle-même baignée d’une lumière crépusculaire, ponctuée de tâches de couleurs fluorescentes provenant d’écrans vidéos recouverts de plaque de plexiglas. On y trouve des instruments optiques, des flacons, des gourdes, des substances et des poudres de natures indéterminées, des capsules de gaz et des tubes en aluminium disposés sur une table, répartis dans des sachets, des bacs en plastique et des boîtes de transport posés au sol ou sur des étagères. Tout se passe ici comme si on entrait dans une sorte de laboratoire clandestin, peut être celui d’une zone d’autonomie temporaire, mêlant vocabulaires high-tech et « do it yourself ». Une impression démentie par la diffusion d’une chaîne de télévision nommée Affect TV, inventée par l’artiste en collaboration avec Antonin Gerson et dont les programmes ont été tournés dans l’espace d’exposition. À la fois vintage et futuriste dans son esthétique et ses contenus, celle-ci présente les cours de communication réflexologique d’un prétendu docteur Forsyth, supposés révolutionner la nature des rapports entre êtres de conscience, mais aussi une longue publicité sur les substituts alimentaires d’une entreprise fictive du nom de Stardust, déployant les mêmes arguments que ceux avancés par Rob Rhinehart. Mêlant habillement des éléments de réalité et de fiction, états de fait et spéculations, « Peripheral Feed » donne ainsi à percevoir le présent comme une interpolation de projections à la fois anciennes et actuelles, potentiellement émancipatrices aussi bien que dévastatrices. Aussi Edouard Le Boulc’h participe-t-il d’une certaine forme de rétro-futurisme, non pas compris comme une rêverie sur les futurs du passé ou comme une simple anticipation, mais comme « une tendance objective travaillant au cœur du contemporain. »1

1 Élie During, Le Futur n’existe pas : rétrotypes, Éditions B42, 2014.


Portrait vidéo d’Edouard Le Boulc’h réalisé pendant la résidence des Chantiers de novembre 2017 à janvier 2018.

Réalisation : Margaux Germain pour Documents d’Artistes Bretagne
Son : Edouard Le Boulc’h
© Passerelle Centre d’Art contemporain et Documents d’Artistes Bretagne, Brest 2018.

Né le 20 août 1992. Vit et travaille à Lamballe et Londres.
En résidence de novembre 2017 à janvier 2018.

Site personnel de l’artiste : http://leboulchedouard.wixsite.com/leboulch
Projets sonores : https://soundcloud.com/edouard-facultatif-le-boulch et https://soundcloud.com/user-678075935

Diplômé de l’école supérieure des beaux-arts de Nantes en 2016, Edouard Le Boulc’h est un artiste plasticien et producteur de musiques électroniques. À travers la combinaison de ses deux passions, l’artiste est dans une démarche d’interrogation face à l’environnement qui l’entoure et c’est dans ce cadre que ses installations s’inscrivent. La modulation est ici un dispositif qui repose sur les objets, le son et les images. À travers le choix de cette combinaison particulière et non exhaustive, l’artiste apporte une réflexion sur l’évolution de la relation que les hommes entretiennent avec les machines, l’espace et le temps. Pour bien saisir la pensée sous-jacente de cette configuration particulière, Édouard nous invite à s’interroger sur deux manières de vivre nos pratiques technologiques. Si dans un premier temps, le monde des hommes et des machines était rythmé par une appropriation permettant aux individus de cerner la dimension totale d’un objet, l’artiste, démontre à travers sa réflexion, le développement d’une nouvelle ère : celle de l’application. Sensible à l’histoire de l’automatisation, du développement de la musique électronique et des préoccupations anticipatives, le travail d’édouard s’inscrit dans une perspective historique visant à rétablir « les modes de perception liés à la finitude de l’objet technique, des formes d’application de celui-ci et d’un rapport symbolique se rapportant à une forme actualisé du rituel ». Sensible aux objets fédérateurs, le plasticien pousse son spectateur à s’interroger sur son expérience au monde des objets, du son et de l’image.

Les modulations qu’entreprend Édouard à travers ses dispositifs, ont pour but de créer cet espace d’innovation dormant dans les laboratoires de recherche, mais qui par la transcendance et la tentative de l’homme à se surpasser peuvent aboutir à redonner une coloration plus visible à cette boite en sommeil. À travers cette dichotomie appropriation/application, l’artiste esquisse en filigrane cette perte de connaissance sur les objets qui nous entourent et pousse son spectateur à saisir comment le temps est accéleré face à cette logique d’application. Pour saisir la direction du plasticien, il faut tenter de comprendre comment l’appropriation se rapporte au déroulement, c’est à dire à une manière de détailler l’objet, d’en comprendre son mécanisme et infine, d’en saisir sa temporalité. Par ailleurs l’ère de l’application est quant à elle synonyme d’évènement et reflète l’usage actuel des objets et donc d’un rapport au temps plus rapide et donc incapable de pouvoir rendre intelligible par l’individu le mécanisme des objets qu’il utilise.
Adrien Charrier